Sujet: AILLEURS, AVEC LUI. (alcide) Dim 8 Mar - 12:07
T'as les pieds qui froissent l'herbe et les feuilles séchées. T'as les pieds qui vacillent, oscillent dans ta plus grande maladresse. Mais, tu continues d'avancer. Mais, tu continues de le suivre. Lui.
Il était venu. Encore une fois. Pour te chercher et t'emmener. Dans un autre monde. Un monde rien qu'à vous. Rien que pour vous.
Où toi, Milo, tu te sentais un peu pas pareil. T'avais l'impression de retrouver un peu de couleur. D'être un enfant, comme jamais t'avais été. Alors, t'acceptais qu'il t'attrape la main et te tire. Loin d'ici. Dans un autre monde.
« On joue à quoi ? »
Ça semblait si surréaliste ces quelques mots prononcés de ta voix si douce. Si fraiche. Mais oui, Milo. C'était ce que vous faisiez ensemble. Jouer. Jouer comme les enfants perdus.
Même si la première fois, vous l'aviez pas trop fait. Vous aviez compris tous les deux. Que c'était pour ça que vous vous étiez rencontré. C'est sûr, et tu le penses comme ça aussi. Parce qu'avec un autre, ça n'aurait pas fonctionné. Avec un autre, ça n'aurait pas été pareil.
T'as les pieds qui se prennent dans une branche et tu manques de tomber. Encore. Mais, tu te rattrapes, t'attrapes à lui. Et t'arrêtes. Le souffle court. Vous avez couru. Comme deux fous. Comme deux enfants.
Tu le regardes. Le fixes. Et, t'as les yeux qui pétillent Milo. Même si t'arrives pas encore, à sourire. Il doit comprendre lui, Alcide. Que t'es content d'être là. Avec lui.
Oui, parce qu'ici. Y a que vous. Vous et votre monde.
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Sujet: Re: AILLEURS, AVEC LUI. (alcide) Dim 8 Mar - 13:00
AILLEURS, AVEC LUI
Je suis ton point du jour puis ton jour tout le jour Δ Giuseppe Ungarett.
Chef des enfants perdus. Petit tyran battant le vent. Cheveux fous, jeux de princes égarés. De la poussière que l'on foule, fuites en avant, vers les aurores atrophiées.
Je l’emmène au-dessus des gens, au-dessus du quotidien morne et des cent ans de solitude. Il ne voulait pas jouer d’abord, il voulait s’enterrer vivant, sous-vivre.
Je tire la manche. Que tu le veuilles ou non.
Le bois charmant tout autour, immense mappemonde pour nos folâtres folies. On vacille sur les ponts naturels qui surmontent des filets d’eau, sillons glacés dans la terre promise.
On se tient par le coude pour ne pas tomber comme des Robin des bois qui filent à contretemps.
Un frère d’armes, un compagnon de bonne fortune. Milo, viens voir là-haut.
Je lui lance un bâton, teste les réflexes. Une vulgaire branche peut devenir une épée héroïque, effet secondaire de nos imaginations tordues. C’est une guerre amicale hors des frontières du réel. Retour en l’an 1400.
« Chevalier, en garde ! »
Et on se tient toujours sur un rondin de bois. Equilibre précaire. En-dessous, le flot d’une cascade s’écoule. Clapotis délicieux. L’écume lèche nos mollets nus.
Une danse que je connais par cœur. Fendre l’air, parer, toucher de la pointe arrondie cette hanche ennemie.
« Le premier qui tombe a perdu. »
Des règles simples. Des gages en conséquence. Deux joyeux lurons et une joute moyenâgeuse. Je le baptise, je l'adoube. Exil tranquille. Le temps n'a aucune emprise. Nous sommes des rois régnant sur un océan de lumières discontinues. Le soleil est un arbitre silencieux. L'eau, notre châtiment impartial.
Viens jouer les Robinson Crusoé. Tu ne le regretteras pas.
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