- la terre est bleue comme une orange.
eh, toi, qu'est-ce que tu viens faire par ici ?
Tu viens chercher un souffle de vie. Pas la gloire. Pas le pouvoir. Pas l'argent. Rien d'aussi futile. Je parle de vie, de la vraie. Celle qui force votre coeur à battre même lorsqu'il meurt lui-même d'épuisement. L'amour, vous connaissez ?
Tu es là, parce que tu aimes. Tu es las, parce que tu l'aimes.
Tu cherches la lumière comme tout le monde, mais la tienne est bien plus spéciale. Elle vient de l'âme, elle vient de son coeur, elle vient de ton robbie. Il est ta lumière.
d'où tu nous viens, tu faisais quoi avant ? parle nous un peu de ta vie avant.
L'ombre. La mort.
Puis, la souffrance. Suivi de la pitié.
Un dégout de toi-même. L'envie irrépressible d'en finir ou à l'inverse de tout recommencer.
Lâcher cette saloperie qui te brûle les veines et te transforme en un monstre hargneux et difforme.
Si le remède est dans le poison, alors qu'on te donne une dose sur le champs. Pour ne plus rien voir. Pour ne plus rien ressentir. Juste ce manque insurmontable. De cette substance, de cette drogue qui mène ta vie. Mais au final, tu préfères te servir de ce manque pour être plus fort et en combler un bien plus douloureux, celui de l'homme qui fait battre ton coeur noir comme la nuit. Comme l'ombre que tu es devenue.
et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ?
Tant qu'il le faudra.
Le temps que tu le récupères, le temps que tu puisses goûter au bonheur en le pressant entre tes bras trop maigres.
Le temps que le bleu de tes veines s'évanouisse, que ta drogue reste robbie et rien d'autre.
Le temps que ta tête ne brûle plus sur le bitume échaudé.
tu fais quoi de tes petites mains sinon ?
Tu t'arraches la vie.
Après tout, tu ne sais faire que cela de tes mains sales.
Tu te tues, tu arraches ton coeur pour le couper en fines lamelles.
Tes dix doigts, aux ongles crasseux, aux phalanges brisées.
Ils ne sont bons qu'à te détruire à coup de seringue, à coup de paillettes mortelles.
Ils sont devenus bien trop rugueux pour les caresses, et paresseux pour le travail.
- la vie est un piège.
lorsque tu fermes les yeux, tu ne vois plus.
lorsque tu te bouches les oreilles, tu n'entends plus.
lorsque tu te bouches le nez, tu ne sens plus.
pourtant, rien ne peut faire taire ton coeur.
les larmes de ta tristesse, tu les as senties longtemps, longtemps sur ton corps, couler.
ce liquide bleu tombait sur tes joues, se mêlait à ta peau, baignait tes mains.
le silence vous a enveloppés, lui et toi, l'un contre l'autre.
plus rien à vous dire, seulement des mots à crier.
une séparation plus douloureuse qu'utile, à cause de toi.
tout est à cause de toi, l'ultime fautif.
tout ça pour une connerie de poudre qui bouffe la vie.
tu as perdu la vie, pour un fragment de frénésie.
et quand il ne fut plus qu'une pensée, qu'un souvenir, tout s'arrêta.
le sol devint froid, la terre inhabitable pour tes pas meurtris.
tu devais quitter ton toit, ta misère, pour le retrouver et vivre de nouveau.
il ne te restait plus que l'espoir, la certitude de savoir que même ainsi, dans le silence et l'oubli, vous étiez âmes soeurs.
même si au fond, t'es pas assez bien pour lui.
parce qu'il est beau, et tu es laid.
parce qu'il est sage, lorsque tu es sot.
parce qu'il est amour, quand tu n'es que haine.
t'es mal fait.
t'es difforme.
tu empestes le mal et les déjections de satan.
t'as les mains sales, t'es qu'une crasse dans un monde trop beau pour toi.
alors, pourquoi l'aimes-tu ?
Robbie, ta seule étoile, ton souffle de vie.