- Mort de Vivre.
eh, toi, qu'est-ce que tu viens faire par ici ? T'étais pas fait pour le monde des vivants. T'étais de ceux qui voulaient toucher le ciel. De ceux qui aimaient les plaisirs immaculés , loin de toutes ces fantaisies terrestres. T'es monté dans ce bus. T'as tout laissé. Père, mère et possessions. Un T-shirt dans ton sac, Un jean pour l'hiver et des bricoles qui brillent. Pour survivre. T'as laissé la cachette d'argent intacte. Tu comptes pas aller ailleurs. On t'a toujours dit que t'étais un ange. Ta place est forcément au plus près des étoiles. T'as marché longtemps avant d'arriver. Mais c'est pas bien grave. Un jour tu voleras toi aussi et alors tu n'auras plus jamais à marcher.
d'où tu nous viens, tu faisais quoi avant ? parle nous un peu de ta vie avant. Tu viens de nulle part. Nulle part d'intéressant. Même pas de vrai foyer. Même pas d'endroit où tu pouvais être à l'abri de tout les monstres. Le monstre c'est toi. C'est ce qu'ils disent les autres. Les filles et les garçons. Les belles et les frères. Mais tu sais pas comment on fait avec les autres. On t'a jamais montré. Papa trompe maman et maman s'endort facilement. Tu trouves ça normal toi toute cette froideur. Mais ils parlent de chaleur ici. La plus belle des chaleurs. Tu veux goûter. Tu veux fuir les glaces de ton passé. Enfin tu vas essayer un peu. Pour voir. De temps en temps. Tu sais pas comment faire. T'auras qu'à observer.
et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ? Tu peux plus faire marche arrière. C'est fini. Personne ne sait où tu es. Et tu ne sais plus d'où tu viens. Tu n'iras plus jamais à la case départ. Tu vas rester ici. Mourir ici. Toucher les étoiles et goûter au bonheur.
tu fais quoi de tes petites mains sinon ? Tu feras ce qu'on te demanderas. Tu vas apprendre à obéir. Tu couperas le bois. Tu chasseras dans les bois. Tu cueilleras la terre ou tu entretiendra le fleuve.
Avant tu faisais du beau. Tu faisais chanter le piano. C'était comme le bruit des étoiles quand tu jouais. Mais tu vas devoir les rejoindre pour les entendre encore ces étoiles qui chantent. -Jte ferais les yeux doux avec du papier de verre.
T'es dans le bus Gamin. Celui qui t'emmène aux pays des rêves.
Un monde où même la lumière est belle. Un monde où tu as ton pareil.
T'es partit.
T'as fui. Loin d'ici. Loin là-bas.
Gabriel L'ange venu du ciel avait paumé ses ailes. Elles sont restée accrochée sur le mur de la ruelle où tu t'es écroulé.
Tu voulais toucher ce putain de ciel Gabriel. Mais le ciel c'est fait pour les anges. Les vrais. Toi T'es Gabriel petit enfant qui n'a jamais vu les étoiles qu'au travers de sa baie vitrée .
T'es Gabriel l'éternel vivant qui a vu les méritant rejoindre ce tableau infini.
T'es le sale gosse qui a voulu toucher le ciel et qui s'y est brûlé les ailes.
T'as pris ta cuiller pour une fusée et t'es partit.
Partit trop loin. Partit trop vite.
La fusée s'est échouée. Dans cette ruelle. Et la seule lumière blanche que t'ai jamais aperçue c'est celle du bloc. Ton cœur accroché à une machine.
Bip. Bip. Bip.T'as voulu que le bruit assourdissant se transforme en murmure.
Les yeux clos. Le noir infini. La nuit jusqu'à plus soif.
T'étais pas armé Gabriel. T'étais pas entraîné pour affronter cette nuit.
Mais tu t'es réveillé Gabriel.
Seul. Abandonné dans cette blancheur immaculée.
Et puis ce petit écran.
Ces toutes petites couleur dans une boîte noire.
Cette voix lointaine. Elle parle d'un paradis perdu. Un petit bout de terre tout près des étoiles.
Alors tu t'es mis à rêver. Dans la nuit trop noire t'es arrivé armé de ces milliards d'étoiles qui chantaient aux voix des disparus.
Une infinité d'étoiles. Un milliers de futurs qui pourraient s'offrir à toi.
Mais certains infinis sont plus vastes que d'autres. Et tu voulais le plus grand, le plus beau et le plus doux des infinis.
Tu voulais l'univers au creux de tes main et ton destin à tes pieds.
Tu voulais grandir sous cette voûte céleste sans écran entre vous.
Tu voulais tendre la main et sentir des gouttes plus pures que les larmes des âmes qui se sont perdus loin de ta ligne d'horizon.
Alors t'as réappris à Respirer Gabriel. Comme un fumeur qui redécouvre l'oxygène.
T'as réappris à vivre. T'es sortit de ce bloc infernal. T'es sortit de ce semblant de foyer et t'es monté dans ce bus Gabriel.
Droit vers les étoiles.
T'as réparé ta fusée et t'as entré de nouvelles coordonnées.
Tu visais la lune pour mieux t'échouer sur les étoiles.
Te baigner dans les Hautes Lumières et renaître à nouveau.