Ils sont de ceux qui sont nés sous les hautes lumières, depuis tout jeune bercé par les aurores boréales. Ils connaissent par cœur les couleurs du ciel quand le soleil se lève et se couche. Ils ne connaissent pas la ville, la vraie, avec le gris, les immeubles, le bruit, la pollution. Ils sont nés dans la nature et ont appris à vivre avec, depuis toujours. Certains se voient vivre là jusqu'à la fin de leur vie, d'autres veulent autre chose, un truc en plus. Mais pour le moment ils sont là, près des hautes lumières.

Ils sont de ceux qui ont toujours voulu échapper à leur vie trop pesante, au trop habituel métro, boulot, dodo. Ils viennent de partout pour tenter de côtoyer les lumières. Ils veulent briller, se sentir libres, puissants. Certains sont là depuis longtemps, d'autres depuis peu. Ils ont tous un point commun, ils ne sont pas nés sous les hautes lumières et sont plutôt là pour les trouver. Certains les trouvent vite, certains s'intègrent comme s'ils étaient là depuis toujours. D'autres ont plus de mal, ne voient pas un rayon de hautes lumières, mais cherchent encore.

Ils sont de ceux qui sont nés ici, sous les étoiles, mais qui ont un jour aspiré à autre chose, quelque chose de différent, quelque chose qui ne soit pas cette vie qu'on leur a imposé et qui les insupporte. Alors ils sont partis, pour voir le monde, pour voir la ville. Ils sont partis, mais ils sont surtout revenus, malades de ce qu'ils ont vu, là-bas dehors. La ville, le monde, c'est pas fait pour eux, alors ils reviennent ici soigner leurs blessures, leurs plaies. Et tant pis si la vie ici, elle est pas plus belle qu'ailleurs. Au moins, la vie d'ici, elle ne les écorchent pas.

Ils sont de ceux qui ont voulu changer d'air sans trop sacrifier leur petit confort. Faire corps avec la nature, ce n'est pas encore leur truc, ils tiennent trop à l'odeur du bitume, au gris du monde, aux bruits des villes. Il y a aussi ceux qui sont nés au coeur de Rieu, sans jamais avoir osé la quitter. La veuve grise est un royaume paisible entre forêt et bitume qui voit quelque peu sa tranquillité troublée par les rayons pures qui émanent des Hautes Lumières. Ils ont beau y résister, il ne s'éteignent jamais.