PRÉCIEUX TOI
milo et zoé

j'me souviens moi quand il est arrivé, le bonhomme tout gris dans la ville toute coloriée,
j'me souviens moi quand ses yeux (presque je voyait ses larmes) ils ont rencontré les miens,
j'ai pas résisté, j'y suis allé et puis je l'ai embrassé,

milo, milo le pas beau, milo le gris, moi
moi j'le veux couleurs, milo
puis ses doigts froids je les serre fort fort fort
comme ça elles seront moins froides, au moins un peu (comme son coeur peut-être). puis milo je suis allée le chercher aujourd'hui, enfin ce soir, c'est le beau soir. la lune est belle, le ciel aussi, alors je suis allée à sa cabane, je suis entrée sur la pointe des pieds
(je voulais pas l'ennuyer milo, mais fallait bien qu'il voit ça)
les hautes lumières, ça réchauffe toujours le coeur.

alors j'ai embrassée sa joue et lorsqu'il a sursauté, j'ai pris sa main et je l'ai emmené avec moi, moi qui suis presque nue, moi qu'aime pas m'habiller. moi, j'ai grimpé sur brise mon cheval, puis j'ai aidé milo à monter. fallait y aller vite, parce que les étoiles et les lumières elles nous attendent pas.

là-haut, en haut de la bute, j'ai glissée mes doigts dans les siens puis je suis allée tout au bord (pas trop non plus), et je me suis assise dans l'herbe fraîche.

- ça va être l'heure, regarde, regarde !

j'ai trop envie de les voir aujourd'hui, ça me fait toujours un peu bizarre, mais aujourd'hui j'y suis pas allée seule. alors ça ira. Je souris à milo. Milo est presque beau, il manque juste un peu de couleurs autour de lui.

T'étais assis là. Dans le noir.
Même si tu l'aimais pas. Tu avais tendance à t'y perdre. Un peu trop.

T'étais assis là. Dans le noir.
À regarder un peu ailleurs, un peu partout, par la petite fenêtre, tu fixais le paysage engourdi dans la noirceur. Comme toi tu l'étais dans la tienne. T'arrivais toujours pas à comprendre, Milo, comment t'étais arrivé là. Comment t'étais arrivé là. Mais, c'était ainsi et, tu sentais, trop loin, trop enfouit, un petit quelque chose bouger. Là, tout au fond de toi. Alors, t'avais l'impression d'avoir plus chaud. T'avais l'impression d'être un peu plus vivant.

T'étais assis là. Jusqu'à ce que tu les sentes, les lèvres. Sursaut, tu aurais pu reculer, hurler. Parce que c'était comme là-bas. Mais, t'avais juste eu peur avant de croiser son regard. Petite étoile. Et t'as pas compris, tout est allé trop vite. Trop fort. Jusqu'à ce que tu sois là-haut, main dans la sienne. À fixer le ciel.

Regarde.

T'en avais entendu parler de ça. Oui, mais, tu l'avais encore jamais vu. Alors, tu pouvais que fixer. Fixer avec tes grands yeux. Fixer pour voir. Voir tout ça. Voir et sentir, le vent frais sur tes joues, le cœur qui bat un peu plus fort. Oui, c'était si beau. Oui, c'était si beau. Lumière dans la nuit. T'en revenais pas au point que tes doigts se serrèrent un peu plus sur ceux de Zoé.

« C'est beau. »

Ton murmure dans la nuit. Si doux.
Si calme.
T'avais cette voix trop douce, trop fraiche.

et puis j'ai regardé le ciel, et puis j'ai pas pu m'empêcher de regarder milo. Il à l'air lumière aujourd'hui, c'est plus joli que d'habitude. si précieux moment partagé juste pour tout les deux. J'peux pas m'empêcher de sourire quand il serre ma main. Il m'as moi, ce soir, en plus des hautes lumières. Alors je bouge pas et comme deux enfants, le nez dans les étoiles on regarde, on regarde et on savoure.

c'est beau.

oh oui c'est beau. c'est beau aujourd'hui, c'était beau aussi hier et j'aimerais que se soit beau toujours en dedans de milo. et les hautes lumières me bercent avec douceur, et je ferme les yeux, juste le temps ou le vent viens caresser ma peau, murmurer à mes oreilles.

- comme toi milo, pleins de couleurs.

un nouveau sourire qu'elle fait la gamine.
j'caresse sa peau du bout du pouce, sa main, froide et chaude, et je me perd dans les hautes lumières.

Tu sens le frais sur ta peau.
Le frais sur ton corps.

Mais tu t'en fiches Milo, parce que t'as le regard trop perdu.
Le regard trop lointain.
Tout là-haut à fixer le ciel.
Tout là-haut.
C'est beau.
Tout là-haut.

Tu voudrais bien pouvoir l'attraper.
Cette douceur, cette couleur.
L'attraper pour la glisser.
Là.
Tout prêt de ton cœur.
Là.
Tout prêt de ton âme.

Pour qu'un peu. Milo.
Tu retrouves ta lumière.
Pour qu'un peu. Milo.
Tu retrouves ta couleur.

Et quand tu les sens, les doigts sur ta main. Cette douceur, cette caresse.
Tu te demandes pourquoi.
Jusqu'à ce que tu reviennes. Doucement.
Sur terre.

Et que les mots glissent. Doucement.
À tes oreilles. Pour te faire sursauter, pour te faire suffoquer.

Alors tu peux que la fixer. Zoé. La regarder un peu comme si elle était...un ovni. Elle doit pas se rendre compte. De ce qu'elle vient de faire. Elle doit pas se rendre compte. Alors, Milo, tu mords ta lèvre, fort. Trop fort. Qu'elle glisse, dévale. La goutte de sang. Mais. Elle doit pas se rendre compte. De ce qu'elle vient de faire. De ce qu'elle vient de dire. Milo, t'es pas beau. Milo, t'es beau.

Non non.
Tu l'étais pas Milo. Beau.
Non non.
T'étais pas plein de couleur. Milo.

T'as la main qui serre trop fort.
Les yeux qui brillent trop forts.

j'aimerais tellement qu'il soit lumière milo. Il pourrait être tellement beau si seulement
si
avec des si on fait tant de choses, mais milo est-ce qu'il a envie ? mes yeux ils accrochent les siens quand il me regarde. il serre fort ma main, ça fait un peu mal mais, j'ai surement moins mal que lui. pourquoi
pourquoi il a mal comme ça, milo ?

- pourquoi tu souffres milo ?
c'est une question presque innocente, mais il souffre à sang
alors ça peut pas être innocent dans milo.
j'me rapproche un peu, accroupie je me tourne vers lui et de ma main libre
(celle que milo tiens pas)
je viens gentiment essuyer son sang
- c'est pas grave, tu sais ?
je sais pas trop réconforter mais j'ai envie d'essayer, alors j'enlève quand même ma main (j'ai pas envie qu'il ai peur) puis je murmure
- je peux te faire un câlin ?