Alors que tu pensais qu'on t'avait guéri. Que tu n'y penserais plus jamais.
Tu l'avais vu. Lui.
Et t'avais pas pu. T'empêcher de le fixer. T'empêcher de le regarder.
Lui et son visage parfait à tes yeux. Lui. Lui. Tu ne pouvais t'empêcher d'y penser. De l'imaginer. Tu ne pouvais t'empêcher, de le vouloir.

Alors t'étais là Ed. Là à l'attendre. Les mains un peu tremblantes, le corps un peu fébrile. Parce que t'avais osé. L'approcher. Lui parler. Pour le connaitre, pour l'avoir près de toi. Contre toi. Un soupir. Un sourire. Il allait venir. Et vous alliez encore pouvoir parler. Parce qu'il était pas comme les autres. Non. Encore plus beau. Encore plus parfait. Tu comprenais pas comment. C'était possible. Comment, ça pouvait exister.

Tu te lèves, d'un bon. Tu tournes en rond. Te mords la lèvre et soupires. Alors que tu fixes l'intérieur de ta cabane. C'était la première fois. Qu'il venait. Tu voulais que ce soit parfait. Le cœur qui bat trop fort. Trop vite. Lui, il te donnait de drôles de sentiments. Il était trop parfait. Et ça te faisait peur. Peur, parce que tu savais pas si t'allais pouvoir. Te retenir. Si t'allais pouvoir, ne rien faire. Parce que là, au fond. Sur le mur, il orne, se moque. Le tableau. Ton tableau. Le plus beau de tous. T'avais pas pu le jeter. Pourtant, on t'avait dit de le faire. Mais, impossible. Alors, il était là, de son rouge trop fade, trop terne. Rouge sang qui s'efface.

Tu te tournes, te retournes. Pour ne plus regarder. Ne plus penser.
Parce qu'il fallait pas, Ed.
Que tu fasses ça.
Pas lui.
Pas lui.

Doucement, tu entends toquer.
Doucement, tu ouvres la porte.
Et, tu peux pas t'empêcher de sourire.
Tu peux t'empêcher de le détailler.

C'était pas possible.
D'être aussi beau.
C'était pas possible.

« Hey ». Un sourire, une main qui glisse un peu sur sa joue et doucement, tu t'effaces pour le laisser entrer. Toi-même, tu sais pas trop où vous en êtes. Ce que vous êtes. Mais, sa présence te réchauffe. Sa présence t'apaise et te torture. Parce que même si tu veux pas.

Tu vois le beau.
Tu vois le rouge.

Mais tu veux pas.
Tu veux pas.

Il a rendez vous. Sid est content, même s'il ne le montre pas. Intérieurement, c'est un volcan qui explose. Son coeur palpite. L'amour lui fait peur, mais pas d'Edmund. Edmund, il le voit comme celui qui changera sa vie. Il l'aime. Il l'aime tellement qu'il ne sait pas ce qu'il ferait sans lui. Au final, il est bien content d'être venu ici. Il est dans son élément, Sid. La nature, la solitude, loin de ces gens. Loin d'eux. S'ils étaient là, ils l'auraient traité de diable. Ils l'auraient envoyé encore chez son oncle et ils auraient demandé son exorcisme. Sidonie le sait. Ils ne l'aiment pas. Il ne les aime plus.

Alors le voilà, en direction de chez Edmund. Il n'a pas peur d'aller le voir. Au contraire ses jambes s'accélèrent pour avancer plus vite. Il a envie. Envie de le voir. Envie de lui dire silencieusement je t'aime. Car oui, Sidonie aime Edmund. Il frappe à la porte. Il attend, inquiet, heureux et impatient en même temps. La porte s'ouvre et Sid a quitté la terre ferme pour le paradis. Son paradis. Edmund est là. Sidonie sourit. Sidonie est plus Sidonie. Sidonie est redevenu l'ange qu'il était plus jeune. Il est amoureux.

L'ange s'avance et rentre. Il est heureux. L'ange a envie de se rapprocher de lui et il le fait. Il est là. Il est tout proche. Il le fixe dans les yeux, toujours dans le silence le plus complet. Il l'aime. Mais il n'ose rien dire. Il ne dira rien. Pas encore. Pas tout de suite.