eh, toi, qu'est-ce que tu viens faire par ici ? C’est l’heure de rentrer à la maison. J’étais en perdition ici, alors je suis partie. Sauf que je n’ai rien fait d’autre que me perdre encore plus. Je cherchais la vie partout, je voulais explorer le monde, le grand, le vrai. Sauf que le monde, il n'est pas beau. Le monde, il est sale, il est triste, et il est cruel. J’ai cherché la beauté partout, et je ne reviens qu'avec des cauchemars et un petit cœur tout écrabouillé. Mais ici, c’est beau. Ici, il se peut que j’arrive à oublier.
d'où tu nous viens, tu faisais quoi avant ? parle nous un peu de ta vie avant. Là-bas tout est gris. Toutes les couleurs sont parties, elles se sont enfuies quand elles ont vu les horreurs qui s’y passent. Et puis leurs sourires, ils ne sont même pas vrais. Ils ne savent plus comment on fait. Là-bas, ils essayent, ils prétendent, alors ils mettent des artifices, un peu partout, sur leur peau, dans leurs cheveux, dans leurs yeux. Parce qu’ils ne brillent pas. Parce qu’ils ne brillent plus. Qu’ça fait longtemps qu’ils ne peuvent plus. Et moi, au début, je trouvais ça beau, le faux. J’étais aveuglée par toutes les lumières, par tous les sons. Et puis j’ai vu. J’ai fait le tour de leur monde, et j’ai vu. J’ai fait le tour de leur monde et j’ai couru. Loin. Jusqu'ici. Jusque chez moi.
et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ? Je ne compte plus repartir, jamais, la vie n’est pas faite pour moi là-bas. Je me suis laissée attirer une fois par le soleil, et il a brûlé froidement mes ailes, alors je ne compte pas recommencer, jamais.
tu fais quoi de tes petites mains sinon ? Avec mes mains, j'arrache les fleurs quand je suis triste et j'emmêle les cheveux des gens quand ils m’embrassent. J’essuie des larmes même quand je suis déprimée, et puis j’aime, j’aime pour le plaisir d’aimer, même ceux qui ne m’aimeront jamais.
Et puis avec mes mains, je sais aussi faire des gâteaux. Des gâteaux qui font de nous des comètes. Qui nous emmènent loin, haut, dans les étoiles. Des étoiles plein la tête.



T’es la gamine sans papa,
La gamine aux grands yeux, la gamine qui rêve,
Qui rêve encore à des étoiles plus belles, bien plus belles que celles du ciel.
T’es la gamine qui recherche l’attention,
Dans les regards, dans les mots, dans les gestes,
La gamine qui ne fait même plus attention, à si on l’aime vraiment, à si l’on reste,
T’es celle qui puise l’amour sur leurs lèvres,
T’es la gamine qui ne fait que réchauffer les lits,
Qui réchauffe un peu les âmes aussi, Et puis qu’essaye surtout de réchauffer la sienne,
Parce qu’il fait froid sans papa,
Et qu’t’y arrives plus, t’y arrives pas,
Qu’tu te demandes pourquoi.
Et puis il y a eu elle.
L’étoile.
Elle était belle, quand la lumière se perdait dans ses cheveux,
Et encore plus belle la nuit tombée.
Elle brillait fort, elle brillait haut dans le ciel.
Entre vous, c’était des larmes, c’était des cris. Des rires et des insomnies.
Beaucoup d’amour aussi.
Et puis toi, tu prends peur dès qu’tu touches du doigt le bonheur.
T’aimes pas être heureuse, t'préfères les maux, le chaos, la douleur
Parce qu’au moins ça tu connais, et qu’dans le fond t’as jamais vraiment su ce que c’est que d’être aimée.
Alors t’es partie un matin et tu l’as laissée.  


T’es partie découvrir le monde, le vrai. T’es partie en quête de beauté. T’es partie voir ce qu’il y a avait de l’autre côté, là où on n'entend plus les murmures de la nature, là où t'avais encore tout à explorer. Et t’as voulu tout voir, tout vivre, tout connaître.
T’as naïvement cru que tu pouvais renaître.
Sauf que t’es morte, un peu, là-bas. T’y as perdu une partie de toi. Parce que tu ne t’y attendais pas, à l'horreur et au gris.
A ce qu’ils osent appeler la vie.
T’as perdu l’innocence, et t’as des cauchemars plein la tête. Des trucs que tu ne pourras jamais effacer, des trucs que tu ne peux même pas te pardonner.
Alors t’es revenue.
Même si t’as peur. même si t’es mortifiée, ouais.
Parce que ceux que tu connais ils ne savent pas. Ils ne savent pas tout ce que tu as vu. Ils ne s’imaginent même pas tout ce qui se passe là-bas.
Alors te revoilà.