- MES CHERS PARENTS, JE PARS....
eh, toi, qu'est-ce que tu viens faire par ici ?
Cézanne il est venu par ici parce qu'il s'est perdu.
Cézanne il est venu ici parce qu'il en pouvait plus.
Il a un sourire amer sur les lèvres, le coeur en charpies, l'âme trop polie par le poids de la vie.
Cézanne il porte un lourd fardeau sur les épaules.
Un fardeau qui tire vers les abysses, dans l'ombre et les enfers.
Cézanne il est lassé, fatigué, brisé.
Cézanne il veut plus rien, si ce n'est voler.
Tout oublier, pour tout recommencer.
d'où tu nous viens, tu faisais quoi avant ? parle nous un peu de ta vie avant.
Cézanne vient de partout et nul part.
Cézanne il fait tout et rien.
Cézanne il est tout le monde et personne.
Un enfant qu'on a essayé de pousser au plus haut, vers les étoiles, vers de fausses étoiles.
Un enfant qui avait tout pour rêver, tout pour bien aller, mais dont l'esprit s'est révélé trop gâté.
Cézanne c'est un fruit pourri qui ne veut pas tomber et qui fini par gangrener l'arbre.
Là d'où il vient tout est tabou, parce que ça fait tâche, parce qu'il ne faut pas que ça se sache.
Cézanne il porte son fardeau en secret, parce que ça ne doit pas être révélé, oh grand jamais.
La fuite comme moyen de s'en délester, c'est ça qui l'a poussé.
et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ?
Tout peut arriver.
Tout peut changer.
Cézanne, il a pas peur du changement, pas peur de filer comme le vent.
Il n'appartient à rien, à personne, à nul part.
Et même si ici tout semble miraculeusement parfait, il y a toujours une part d'éphémérité qui rôde.
tu fais quoi de tes petites mains sinon ?
Cézanne il sait aligner les mots.
Cézanne il sait animer les lignes et les couleurs, donner vie aux pensés
C'est pas un artiste, juste un fou qui n'a rien trouvé de mieux pour laisser échapper tout ce tumulte de désordre qui se débat dans son petit corps.
Cézanne il est pas franchement doué de ses dix doigts, mais quand on lui apprend il prend le temps.
Cézanne, tout ce qu'il fait, il le fait pour s'exprimer, pour se libérer, pour s'occuper. - JE NE M'ENFUIS PAS, JE VOLE
les livres parlent d’autres mondes.
les gens parlent d’autres rêves.
ils parlent, parlent, mais ne vivent rien.
ils ne volent pas, ils ne voyagent pas, ils ne voient pas, ils ne respirent pas, ils n’aiment pas, ils ne croient pas, ils existent pas.
ils sont juste coincé dans leurs petits quotidiens moroses, ennuyeux et pompeux.
ils sont juste coincé dans leurs relations trop aseptisées, qui ne mèneront jamais à rien.
ils sont juste coincé dans leurs petits boulots qui ramène à la maison juste ce qu’il faut de bonheur estampillé d’une marque à cinq cent boules le packaging.
même toi tu as fini par enclencher le mode automatique.
tu ne penses plus, ne réfléchis plus, n'éprouves plus rien, ne ressens plus rien.
comme un automate, programmé pour une seule et même tâche qui ne se lasse pas de recommencer ce petit manège jour après jour.
comme si ta vie entière était réglée comme du papier à musique.
une partition plate et sinistre, sans aucune mélodie, qui reprend toujours les mêmes notes, jour après jour...
sauf que la maladie ronge encore et toujours.
elle revient un peu plus forte de jours en jours.
tel le phoenix qui renaît de ses cendres, elle revient pour t'emmener plus haut encore, toucher la lumière et te donner le sentiment que tout va bien.
mais le phoenix est fourbe et se lasse de toi, alors c'est la chute et soudain il n'y a plus rien.
tu retournes t'échouer dans les profondeurs de ton monde plein de noirceur, rejoindre la tombe que tu t'es creusé petit à petit aux côtés de ce frères mort que tu t'es promis de ne jamais oublier.
tu recommence ce jeu malsain, depuis trop longtemps commencé.
celui où tu fais de ta vie un temple aux morts, pour qu'ils vivent par procuration, pour qu'
il vive en se nourrissant de ta désillusion.
tu es lui plus que tu n'es toi.
mais ça il n'y a que toi qui le sais, qui le vois.
alors tu erres, erres encore et encore.
comme si le temps était en suspend, comme si tout était en noir et blanc.
sans saveur, sans couleur, sans odeur.
tout est insipide, sans valeur.
pourtant, ça ne manque pas, parce ce que tu ne peux pas manquer de ce que tu ne connais pas.
non, ça ne manque pas, parce que ça n'a pas eu le temps de faire sa place, de se graver, de s'incruster dans l'âme.
chez toi pas d'équilibre, aucun.
alors tu te consoles avec les maigres moment où les vagues cessent de te noyer.
tu te consoles avec les misérables moment où une accalmie te permets de vivre ta propre vie.
tu profites aveuglément jusqu'à ce que le prochain ouragan passe et balaye à nouveau le château de carte que tu es.