Assise face à la lune, elle détourne le regard comme elle le ferrait face aux phares immenses de la ville. Entre ses doigts à Mana, c'est le sable qui s'écoule à la vitesse du temps. Il s'échappe et l'abandonne. Assise en tailleur sur le sol, la nuit s'est endormit, emportant avec elle les quelques âmes qu'abrite la forêt. Sa forêt. Elle en aime chaque recoins. Elle en aime chaque cœur qui bat. Mais ce matin personne ne vit, en tailleur sur le sol, Mana surveille les gens qui dorment.
A l'intérieur, sa mère dort paisiblement dans les bras de se nouvel amoureux dont elle dit tant de bien. Il la rend heureuse et pour l'instant c'est suffisant.
Sous un gros pull pour ne pas laisser au vent le plaisir de lui rappeler que le printemps peut être frais, elle se lève finalement, les mains poussiéreuses, comme ces enfants qui jouent dans la terre. Elle aimait jouer ainsi, avant. Et puis ça n'a pas fait assez grand. Au milieu des chalets silencieux, elle s'aventure silencieuse, souriant doucement pour ne réveiller personne. Il n'y a que lui qu'elle veut voir éveillé. Lui et son grand sourire d'homme-enfant. Elle connaît par cœur le chemin jusqu'à chez lui, pour l'avoir parcouru tellement de fois avant. Avant la nuit, avant qu'elle ne disparaisse avec elle. Il lui en voudra sûrement mais qu'importe. Elle aime l'idée de le revoir plus que tout autre chose. Plus que les bougies, les gens qui rient et le bruit du vent dans les feuilles.
Ses doigts effleurent la fenêtre de la chambre du garçon.
Toc. Toc toc.
Elle effleure plus qu'elle ne frappe, et soudain elle recule, sûre d'avoir entendu l'animal sortir du soleil. Il est là, tapit dans l'ombre, a quelques mètres d'elle seulement. Il va ouvrir et tout va redevenir comme avant. Doucement Mana glisse la main dans ses cheveux défaits. Elle fixe la fenêtre, comme si l'avenir de l'univers en dépendait. Comme si son avenir a elle pouvait avoir quelque chose à voir avec lui. Pour la première fois depuis la ville, son cœur bat vite, comme une poésie mal écrite. La fenêtre ne s'ouvre pas. Elle s'en approche à nouveau, sans sourire, de peur d'être déçue.
Dors tu l'insouciant ? Te cache tu ?
Sa main se pose sur la fenêtre, effleure la cabane plongée dans le noir.
« Kova ? »