les hautes lumières, c'est quoi pour toi ? Mon univers. Elles sont ce dont je rêve, ce dont à quoi j'aspire. Mon présent, le futur sûrement. Je les aimes et ne m'en lasse pas. Comment le pourrais-je ? Suis-je vouée à errer encore en-dessous d'elles ? Qui le sait vraiment ? Je les aimes, les adores, les chéris, comme mes parents les ont chéris avant moi. Ils ne vivent plus ici désormais. Ils s'en sont peut-être lassés. Je les comprends mais n'arrive pas à m'imaginer partir. Mon âme est ici, elle flotte, elle court partout, se glisse entre les jambes, dansent avec la lumière. Elle foule mes pas et se colle à mon ombre. Je ne suis rien sans les hautes lumières, elles font parties de moi et sûrement que je les aimes trop. (question pour les ciels)
le goudron, les voitures, la technologie, toutes ces choses là, ça ne te tente pas des fois, ou t'es plutôt grand air ? Je n'y suis pas réellement ouverte. Elles m'effraient presque ces choses dont je ne connais pas la provenance, si ce n'est qu'elle vienne de Rieu. Rieu, la ville, un terrain inconnu. Une vaste étendue de poussière. Je ne peux vivre dans un monde où le bruit n'est pas source de la nature mais de celle d'un objet non identifié. Les autres disent que je suis vieux jeu, peu ouverte à l'aventure. Ils ont peut-être raison tout comme ils peuvent avoir tort. J'ai cette envie, certes étrange, de ne pas briser cette bulle qui est mon chez moi. Je suis belle parmi la verdure et la fraîcheur du lac. Je respire son air pur et son étendue glacée. Je peux laisser mes pieds nus fouler le sol terreux. Alors, non, la technologie est le fléau de l'humanité pour moi et je ne serais sûrement jamais attirés par ces choses-là. (question pour les ciels)
et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ? J'ai toujours vécue ici. C'est ma maison, mon entité, l'épicentre de mon sourire et de mon bonheur. Ridicule d'être autant attachée à un endroit. On peut même dire que j'en suis amoureuse, à défaut de n'avoir jamais aimée personne, j'aime un endroit. Je ne me vois pas partir, pas maintenant, pas tout de suite. Je ne suis pas prête. Je ne m'en sens pas capable pour le moment. Ca semble quelque chose d'irréalisable, pour l'instant. Une chimère, une jolie chimère. J'attends, je patiente, je flotte encore un peu ici … et nous verrons. (question pour tout le monde)
tu fais quoi de tes petites mains sinon ? Je peints. Ce n'est que peu utile pour les autres mais je ne suis qu'une âme égoïste. Mon être insensible et sans empathie peint pour moi et moi seul. Je peints le monde et ses travers, je peints mes envies, mes rêves, mes cauchemars. Parfois je peints le néant ou des gens. Des gens que je trouve beaux et je n'hésite pas à le leur dire. Que leur ego sois rempli par mes compliments, pour moi ils n'ont plus de sens une fois prononcés. J'aime le bleu et ses nuances. Le bleu, couleur de la solitude. Je suis seule, seule et heureuse. Seule et souriante alors je le couche sur mes toiles. Je ne les échanges avec personne mais les laisses être admirées par d'autres. L'art est donné à tout le monde, j'ai choisis le mien. (question pour tout le monde)


Seule face à l'étendue d'eau, je plane. C'est fou. C'est beau. Ca me purge. Le ciel est grisé par la lueur du matin. Il prend forme au-dessus de moi et je l'admire par sa beauté. Mes iris parcourent le lac et le lac m'entoure de sa fraîcheur. Je suis seule face à moi-même. Mes pensées vagabondes entre couleur et vide. Un trou béant marque ma poitrine. Si j'avais pu ressentir plus, plus de choses, je ne ressens rien. Je ne suis qu'une enveloppe charnelle qui s'éloigne peu à peu du monde réel. Je ne suis rien d'autre qu'un squelette enrobé de chair. Ils ne me comprennent pas. Personne ne comprend réellement ce que je suis, ce que je pense, pourquoi et comment je vis. Ils me jettent des insultes à la figure, parfois. J'espère, quelques fois, que je me mettrais à pleurer, que je me mettrais en colère, que je me rebellerais contre ces insultes qui ne m'atteignent pas. Alors je fixe ces personnes, d'un air indifférent. Ce n'est pas volontaire, ce n'est pas voulu. J'ai toujours été ainsi. Du moins, je ne me souviens pas avoir déjà ressenti quoi que ce soit.

Je me rappelle. Ma mère, son regard inquiet, son doux visage me scrutant comme si je n'étais pas constituée normalement. Non ! Je ne suis pas normale. Je n'étais pas comme tous les autres, ceux qui pleuraient quand ils avaient mal, ceux qui riaient quand ils étaient heureux, ceux qui embrassaient lorsqu'ils aimaient. Bons nombres de diagnostics sont tombés me catégorisant asexué, autiste et même dépressive. Aucuns ne fut bons. Je ne suis juste rien d'autre qu'un être sans sentiment. Mourrais-je sans savoir aimer et donner de moi même aux autres ? Suis-je condamnée à me battre contre du vide ? Que faire lorsque l'on ne sait même pas ce que l'on ressent vraiment. Je sais sourire, je sais rire, je sais danser, je sais chanter et esquisser des choses que tout humain ferait. Mais ça me semble faux, tout le temps.

Froide, insensible, narcissique, égoïste. Voilà tout ce qui semble me caractérisait aux yeux des autres. Méchant? Non. Seulement réaliste. Pas que j'aime mon corps ni mon âme, je ne fais juste attention à personne d'autre que moi car je ne sais pas faire attention aux autres. Tout le monde m'observe d'un air écœuré ou de façon méprisante. Je les vois, ces regards qui blesseraient n'importe qui. Et moi, j'aimerais l'être aussi, meurtrie par tout ça. Mais comment ? Comment dois-je faire pour réussir à ressentir ?

Rien n'est réel, rien n'est vraiment là. Parfois je me souviens de ces mains qui parcouraient mon corps. C'était horrible. Il n'était pas censé être là, près de moi. Il n'était pas avec moi, je ne l'aimais pas. « Et moi, tu m'aimes, moi Echo ? » me demandait-il de cette voix saccadée qui m’écœurait. La haine, la haine, la RAGE ! Puis rien. Plus rien d'autre que ces mains parcourant une peau dénuée de frissons. J'ai arrêté de souffrir, d'aimer, de chérir, de pleurer, d'espérer. J'ai broyé ma mémoire de façon si soudaine. J'ai voulu oublier. J'ai voulu effacer l'esprit qu'il avait souillé. Il est mort, maintenant. Tout le monde l'a pleuré. Moi, non. Je n'ai pas su pleurer et je ne sais même pas pourquoi.

Mes doigts se rétractent sur mon pull de laine blanche alors que le présent reprend sa place. Mes souvenirs sont flous, ma mère détourne le regard lorsque je tente d'aborder le sujet, mon père pleure, en silence, parfois. Et moi ? Moi, je suis perdue alors je ne demande plus rien. Je berce mon âme, la protège car je ne sais que me protéger. Les autres ? Les autres attendrons. Certains arrivent à m'aimer sans que je ne puisse forcément leur retourner tout cet amour, je le regrette. Je sais qu'ils me sont cher mais serais-je capable de verser une larme si je les perdais ? Suis-je un monstre ou seulement le fruit d'une abomination humaine ?