J'ai ouvert mes yeux, tout à l'heure.
Noir total.
J'ai cru être tombée dans l'obscurité.
(C'est que je tombe souvent)
Il m'a fallu quelques minutes, secondes, micro-éternités, pour me dire, mais non.
Je suis pas perdue.
C'est juste encore un peu la nuit.
J'ai regardé par la fenêtre de mon chalet, j'y ai vu les étoiles et la lune et un peu au fond, là, j'ai vu les rayons du soleil.
Ça m'a fait penser à...

- Léon, Léon réveille toi !!! Regarde, il fait nuit !
Leon dort souvent, trop.
Quand je viens le voir dans sa cabane, il est toujours éteint dans son lit.
Toujours les yeux fermés les poings serrés la couverture sur lui et ses boucles qui lui camouflent le visage.
Et moi je réveille tout ça.
Je secoue tout ça.
C'est qu'il a de si beaux yeux, ils méritent pas d'être cachés comme ça.
- Réveille toi !!! Le soleil va se lever avant toi sinon !!
Je le secoue, un peu.
Prend place à côté de lui dans son petit lit, tire un peu sur ses cheveux.
C'est que je sais pas encore très bien comment actionner tout son mécanisme, comment faire lever ses paupières.
J'ai tout essayé bisous sur la joue/les petites chatouilles/l'enlevage de couette/les mots criés un peu trop forts.
Et puis, hop, il a ouvert ses yeux.
En même temps que les rayons du soleil sont apparus dans sa chambre.
C'était un peu magique.
Comme si le soleil avait dit, poussez vous la lune, moi j'arrive, je débarque.
C'est que Léon va bientôt ouvrir ses yeux là.
C'est un spectacle qui ne se rate pas.
- T'es une vraie petite marmotte toi, allez, habille toi, promis je regarde pas, on doit y aller, discute pas !!
Je le pousse un peu, le force à se lever, prend toute la place dans son lit.
Léon a besoin qu'on le pousse un peu, il dit jamais rien, pas à moi en tout cas.
Je le vois se lever, vérifier que je ne le regarde pas.
(J'ai mis mes deux mains sur mes yeux, espacés chacun de mes doigts, c'est qu'il est beau Léon de dos, avec sa colonne vertébrale et ses omoplates, on voit ses os, on dirait que son âme est comme emprisonnée)
Et puis, on camoufle un peu la prison.
Sous un pull, deux pulls.
J'en ai trois sur moi, un de maman, un de papa, et un de moi, on est tous les trois ensembles comme ça.
Mais Léon n'en porte que deux.
Ça se voit qu'il vient pas d'ici, parce que ses pulls sont pas en grosses laines, il m'a dit un jour ça c'est en coton, ça c'est en synthétique.
J'ai pas compris grand chose, à part que ses vêtements venaient de la ville.
(Un jour, j'irais lui en piquer un)
- C'est bon, t'es prêt ??
Je dis ça en enlevant les mains de mes yeux, en me levant un peu, en prenant sa main et en sortant de sa cabane.
- On va aller au lac, d'accord, je sais pas si t'as vu, il sera sans doute gelé, c'est pas grave, pas vrai ???
Et on se met un peu à marcher.
Dehors il y a que lui, moi, encore un peu la lune et les étoiles, ainsi que le soleil.
Juste nous cinq.
Qui fait plus de lumières, tu penses ???
Sûr que c'est pas moi.

J'ai les doigts de Léon entre les miens.
Tous gelés.
Pendant qu'on marche, je le dévisage un peu.
Je regarde pas trop devant moi et le regarde plutôt lui.
Avec le soleil qui se lève, y a les rayons qui viennent s'amuser sur son visage, qui viennent réchauffer sa peau, si on se concentre, on peut y voir à travers, je crois.
Léon, léon, léon.
Est-ce que t'existes ?
Sur le chemin pour aller au lac, je te parle de tout, de rien, je te parle de ce rêve un peu affreux que j'ai fait, celui où j'étais dans la ville et où le béton me rongeait les jambes, je te parle de cet oiseau qui est venu se poser sur les branches des arbres en face de mon chalet.
Et entre ta bouche, que du vent Léon.
Je serre un peu plus ta main, pour me prouver qu'eh, t'existes bien.
Que tu vas pas disparaitre quand je vais tourner un peu trop la tête.
Tu serais pas cap, hein ???
On met un peu de temps avant d'arriver jusqu'au lac, combien de temps ça je sais pas, assez pour que le soleil se lève pleinement et dise, dégage, la lune, on t'a déjà vu toute la nuit avec tes étoiles, maintenant c'est à mon tour, c'est à moi de briller.
On arrive au lac.
L'eau est gelée à cause du froid.
Est-ce que c'est pareil pour toi Léon ???
- Alors voilà, tu vois, ça c'est le lac. N'y viens jamais en pleine journée, quand les pêcheurs sont là, s'ils te voient, ils sont capables de dire que c'est à cause de toi qu'ils n'ont rien ramené, que t'as fait partir tous les poissons.
Je rigole un peu, regarde un peu Léon.
Léon tout fade.
Il rit même pas.
J'hausse les épaules et l'entraine sur le ponton.
Ça va au moins lui apporter un sourire, ça, non ???
Léon je le comprends pas, je sais pas, j'ai l'impression qu'il sait pas ce que c'est d'avoir des étoiles dans les yeux, qu'il les a même jamais eues, qu'il serait capable de me dire eh Bettie je comprends pas, j'ai les yeux qui pétillent et le sourire aux lèvres, tu crois que je suis tombé malade ???
Mais non Léon, t'es juste heureux... peut être un peu amoureux.
Je m'assois par terre, lâche sa main, il reste debout un petit instant.
Léon, comme ça, on dirait un géant.
Ses cheveux bouclés on dirait des nuages tous noirs, ceux qui font l'orage et ses yeux... ses yeux ce sont des petites gouttes de pluies.
- Pourquoi tu parles jamais ? T'as les cordes vocales toutes emmêlées ou quoi ? T'es muet ? On t'a coupé la langue durant la nuit, on peut la retrouver si tu veux !
J'essaye de le faire rire, un peu.
C'est qu'avec le soleil qu'il y a, y a bien de quoi réchauffer les cœurs, c'est pas une question de température.

Bettie parle beaucoup.
Un peu trop je crois,
mais c'est pas trop plus mal, comme ça moi j'ai pas besoin de parler.
Ça m'arrange.
Si ça pouvait être plus souvent comme ça, ça m'arrangerait quand même, mais tout le monde n'est pas comme Bettie (c'est bête) (j'aurais bien aimé).
Et puis Bettie, elle parle tellement, qu'au bout d'un moment forcément elle attend une réponse, pour ne pas parler toute seule. Mais oui je t'écoute Bettie, promis, tu me parles d'un oiseau sur ton chalet et des rêves que tu fais la nuit. Elle se tourne vers moi, l'air de dire, et toi, c'est quoi tes rêves ?
Je crois que j'en ai pas.
Il paraît qu'on rêve chaque nuit, même quand on pense qu'on n'a pas rêvé, on l'a fait. J'aimerais bien connaître mes rêves moi, mais en même temps ça me fait un peu peur. Je crois pas qu'il y ait grand chose dans ma tête. Ou alors des rêves tous gris, tous sombres, des cauchemars.
Alors j'écoute plutôt ceux de Bettie, ils sont jolis, moi je suis sûr que ce serait un peu moche, si je racontais les miens, ça casserait sûrement pas mal le sourire sur les lèvres de Bettie et j'ai pas trop envie.
J'ai pas trop non plus envie de lui casser ses rêves et de la ramener sur terre en lui disant que le lac, je l'ai déjà vu, et que les pêcheurs, ils m'ont déjà parlé, m'ont déjà dit que c'était ma faute s'ils n'avaient rien attrapé. J'ai rien dit. J'ai dit oui pardon excusez moi, je crois, je ne me souviens plus trop. Bettie était pas encore là pour dire qu'il ne fallait pas faire ça. (tant pis)
Elle m'entraine ailleurs, vers le ponton, et on va tout au bout, juste au bord de l'eau là comme ça, elle s'assoit sur le bois humide, tout gelé. Je crois que si elle pouvait elle s'allongerait sur le lac glacé. Elle est tarée. Je reste debout, un bonhomme de neige vivant, une statue de glace métisse. Je fais un peu tache dans tout ce blanc, toute cette pureté. J'ai trop froid de partout pour m'asseoir, si je fais ça je vais craquer en milles morceaux, milles morceaux de Neo-glace. Je suis sûr que Bettie s'amuserait à tout ramasser et tout recoller miette après miette, mais c'est pas trop une bonne idée alors je reste debout.
Puis Bettie me pose de ces questions, si tu savais Bettie, je crois que oui, mes cordes vocales elles ont cherché la sortie pour me quitter, parce qu'elles voulaient pas travailler pour moi, c'est pas très drôle tu sais d'être avec moi, il n'y a sûrement que toi qui aime ça. Et puis elles se sont perdues et emmêlées les unes aux autres et depuis elles sont bloquées là, au fond de ma gorge où elles se sont terrées.
Je jette un coup d'oeil à Bettie, toute petite à mes pieds, et puis j'essaie de m'asseoir aussi parce que j'ai l'air un peu bête là debout au milieu de nulle part, sur cette infinie de glace silencieuse. Moi je suis de la glace et je craque de partout mais le lac lui il reste là, comme un roi, j'avoue que ça m'intimide un peu, j'ai pas la carrure.
- Je suis né muet.
Je dis. Je crois que c'est vrai. (ça pourrait)
- Toi tu es née la langue déliée ?
Je crois aussi que c'est vrai. Bettie a des mots pour deux, quand elle m'entraine dehors elle parle pour deux, elle parle pour moi, c'est pratique mais des fois, Bettie, je crois qu'elle voudrait que je lui réponde. Alors comme je peux pas être cette glace silencieuse comme le lac-muet, j'essaie de faire des efforts pour être un Neo qui parle. Au moins pour Bettie qui bavarde. À force je crois qu'elle va épuiser son quota de paroles, mais moi je suis pas très doué, j'ai pas grand chose pour la relancer.

Léon, Léon, Léon.
C'est quoi déjà le son de ta voix ?
Plutôt chant d'oiseau ou plutôt tonnerre ?
C'est que je me souviens plus trop, moi.
Je me souviens plus si ta voix me chatouillait les tympans.
Tes yeux, je suis capable de m'en souvenir.
Même pendant deux jours sans te voir.
Mais alors ta voix...
Léon, tu t'assois à côté de moi.
Enfin, tu te recroquevilles.
Tu plies tes longues jambes, tes longs bras.
T'es un géant Léon, faudrait que tu le saches.
Je suis sûre que si tu veux, tu peux pousser les nuages avec tes bras.
Faut juste que t'aies la force pousser très fort, c'est que ça a pas l'air, mais ça doit peser des tonnes (de pluies) ces choses là.
- Je suis né muet. Toi tu es née la langue déliée ?
Oh, plutôt chant d'oiseau alors.
C'est bon, je me souviens maintenant.
Voix fluette, à moitié brisée, cassée.
Plutôt chant d'oiseau.
- Oh bah je sais pas, tu penses ? Mon papa et ma maman sont partis très tôt d'ici, ils m'ont laissée le chalet et peut être des mots en trop, tu vois ?
Non tu vois sans doute pas Léon.
Tu vois sans doute pas la horde de mots qui m'entourent, qui veulent que je les utilise.
Tu pourrais garder les yeux fermés que ce seraient pareil.
Tu verrais tout dans ta tête grâce à mes mots.
Mes mots qui comblent le vide, brise le silence.
Surprennent le petit matin.
Qui disent, eh, regardez, on est là, Bettie elle existe, Bettie, elle vit, regardez tout ce qu'elle a à dire.
Y a que les gens qui vivent qui peuvent dire autant de chose...
Non ?
- On va peut être pas rester longtemps ici, les pêcheurs vont pas tarder à arriver, ils sont là quand le soleil est un peu haut dans le ciel, mais pas trop. Regarde, tu vois les deux grands arbres là-bas, un peu de travers ?
On dirait un peu toi, deux semis géants un peu de traviole, qui savent pas quoi faire de leur grand tronc, de leurs branches, de leurs feuilles.
- Eh bah, quand le soleil est au milieu, normalement c'est l'heure où les pêcheurs doivent arriver, faut pas trainer là.
Je souris un peu.
Léon petit étudiant à l'école des débrouillards.
A l'école, j'étais pas très très douée.
Mais toi, je  te donnerai un B avec comme appréciation, peut faire des efforts, doit se déplier un peu plus, étendre ses jambes ses bras son buste et faire entendre sa belle voix à tout le monde.
Je regarde l'horizon, le lac gelé.
- Dis, est-ce que tu penses que, quand on est gelé, on continue de penser ? Ou est-ce que même à l'intérieur ça fonctionne plus ?
Moi je me demande ce que le lac, se dit, là,
sur les deux petits compagnons qui sont en train de le regarder,
alors que là nuit est à peine finie
et le jour tout juste commencé.

Je baille à m'en décrocher la mâchoire.
Puis je jette un coup d'oeil en coin à Bettie, pour vérifier qu'elle m'ait pas vu.
C'est que ça m'ennuierait moi, si elle se mettait à penser que je m'endors avec elle.
C'est faux.
J'aime bien l'écouter parler, raconter sa vie ses rêves et tout ça. Ça me fait un peu voyager, faut dire. J'aime bien quand elle parle pour moi, pour les autres, avec Bettie on a l'impression d'être quarante alors qu'on est que deux. (qu'un, même, parce que moi c'est comme si j'étais pas là, avec mes mots inexistants, je me contente de l'écouter et la regarder, ça me prend toute mon énergie si tu savais.)
j'ose pas trop lui demander, quand elle parle de ses parents.
Je m'en fiche un peu, mais j'aimerai bien savoir quand même, ce qu'elle entend par son papa et sa maman qui sont partis très tôt.
Mais je crois que quand les gens ne parlent pas d'un truc, c'est qu'ils n'en ont pas envie. Même quand ils l'évoquent vaguement avec un petit sourire et le regard au loin. Je crois pas que ça veuille dire, regarde, c'est pour t'inciter à me poser la question. Je crois que ça veut juste dire j'oublie pas, c'est juste là, ça m'a échappé, c'était pour moi même.
Je crois que c'est le signe qu'il ne faut pas demander.
Et je crois que même si c'est le propre d'une question, il y en a qui ne se posent pas.
Alors je dis rien, Bettie si elle voulait m'en parler elle l'aurait déjà fait, il doit pas y avoir un sujet sur lequel elle hésite à se lancer.
Alors maintenant aux dires de Bettie on se lève et on part. Il faut pas se faire choper par les pêcheurs, on passerait un mauvais quart d'heure.
Bettie a l'air de voler quand elle marche, et puis moi je la suis un peu lentement, j'ose pas trop aller plus vite je crois, faut pas rattraper Bettie, pas rater le spectacle d'elle pleine d'énergie dès à l'aube, qui court et voltige aux premières lueurs du jour.
Puis elle me parle du lac là, je te jure, moi je sais pas quoi lui dire, sûr que moi je suis pas aussi poétique que Bettie. Moi je suis pas capable de sortir des mots comme ça, parler du lac comme si c'était une personne. (des fois j'y pense, mais c'est dans ma tête, et j'arrive pas à le sortir parce que chez moi ça ne marche pas, ça n'est pas prononçable. Est-ce qu'il faut passer un code ou un permis pour ça ??? est-ce que Bettie est plus apte que moi à le faire ? J'aimerai bien savoir, peut être que je passerai moins pour un débile si je savais mais en même temps Bettie elle fait déjà tout très bien toute seule alors c'est pas plus mal.)
- Ben, je crois qu'à moins que le cerveau soit touché, ça continue.
Je sais pas trop.
Je me pose pas trop ces questions.
Je passe pour le gars matheux alors que moi j'ai jamais aimé les sciences.
Les mots font pas beaux dans ma bouche.
Puis je sais pas pourquoi, je continue quand même.
C'est que moi une fois lancé sur ma lancée, je continue à pas de loups, pas trop mais assez pour que ça paraisse immense sur moi.
- T'imagines plus pouvoir bouger mais se voir gelé ? Se dire eh bouge, mais pas réussir ?
Je ris mais c'est pas très drôle, c'est même un peu méchant pour le lac, et puis moi je peux bien parler, je suis qu'un gros glaçon qui bouge pas, qui fond juste très très lentement quand il y a un bout de soleil qui se pointe. Et puis ça oui, je pense, sûr que oui Bettie, ça chauffe même là dedans, mais pas moyen de sortir beaucoup de mots à la fois. Un problème dans les systèmes peut-être, il faudrait appeler le mécanicien du froid, je sais pas trop. L'hiver a été trop long pour moi je crois.

Léon tu pars loin.
Ça se voit un peu qu'entre mes mots tu t'échappes, tu t'envoles un peu.
Alors moi, ce que je fais, c'est que j'essaye de faire des longues phrases, sans vraiment trop de point, de virgule, ou de point d'interrogation.
Mais même avec ça, t'arrives à partir loin.
C'est qu'à la moindre de mes respirations, t'es limite sur Mars Léon.
Je parle beaucoup beaucoup, pour pas que tu partes trop trop loin dans l'univers de tes pensées, c'est que si tu vas trop loin je pourrais jamais te récupérer, c'est que tu sais moi parfois quand je regarde le ciel ça me brule les yeux, alors tu t'imagines si je m'y approchais ???
Heureusement Léon tu fais un petit effort.
T'essayes de pas trop rester là-haut, là dans tes pensées et puis tu parles aussi un peu.
C'est pas grand chose face à mes torrents de mot, c'est vrai, c'est limite minus comparé à tout ce que j'ai dit, mais c'est déjà bien.
Moi ça me va.
- T'imagines pouvoir bouger mais plus pouvoir penser ?
Je ris un peu, aussi.
Je crois qu'on réveille un peu les oiseaux, avec nos rires et tout ça.
Qu'ils doivent se dire, eh, mais c'est qui ces deux fous qui sont dehors avant nous, c'est qui ces deux fous qui bravent la nuit et le sommeil, c'est nous qui sommes censés les réveiller, pas nous.
Même pas peur.
Regardez, on fait un peu plus de bruit, en faisant exprès de marcher sur les brindilles.
- Moi j'crois que je préférerai pouvoir bouger sans plus pouvoir penser. Ça pourrait pas manquer, tu vois, parce que j'y penserai pas, non ?? J'serais peut être un peu bête, mais c'est pas grave, j'aurais les jambes pour courir très vite et partir d'ici.
Courir très vite et partir d'ici.
Parfois je rêve de faire ça.
De dire tais toi à mon cerveau, d'enfermer ma peur et de courir.
Très très vite, très très loin.
Tu penses que ce serait possible, Léon ?
Qu'un jour je pourrai arrêter de penser, et juste agir ?
Pour partir ?
- Et toi, tu préfères quoi ?
Penser ou agir ?
J'ai déjà ma petite idée en tête.