voilà deux jours que je suis aux hautes lumières, et plus les heures passent, plus je me dit que j'ai enfin trouvé ma place sur cette Terre qui me faisait si peur auparavant. Même si je n'ai pas encore rencontré grand monde, ça ne me fait pas peur, car je sais qu'ici, tout le monde est accepté comme il est. J'ai décidé d'aller me promener dans les alentours. Après avoir avancé sans vraiment savoir où j'allais dans la grande forêt de sapin, je me suis laissé guider par le bruit de l'eau. J'ai tout de suite reconnu le bruit des cascades, ce son extrêmement sonore mais en même temps apaisant. J'ai alors aperçu ces chutes d'eau magistrales, et j'ai senti mon cœur chaviré. Comment être insensible à cette image magique que nous offre les cascades ? Comment ne pas se sentir enivré par ces jets d'eau qui traversent l'air comme des comètes glacées. Après être resté une dizaine de minutes sans voix, j'ai senti une présence derrière moi, et, quand je me suis retourné, j'ai alors "senti des boums et des bangs agités mon cœur blessé "

Arthur se retourne et là, il voit cette fille, d'une beauté quasi mystique. Elle a un visage comme on n'en voit pas souvent, le type de visage qui vous marque une vie. Elle semble tellement innocente mais en même temps, ses yeux d'un bleu océan, laisse imaginer qu'elle a déjà vécu le pire, qu'elle sait de quoi les hommes sont capables. Arthur lui, il a jamais été très doué avec les filles, il sait pas trop comment s'y prendre et il a souffert de ça pendant son adolescence. Mais cette fois ci, il sent que c'est différent, il sait qu'avec elle, il pourra enfin se sentir bien, même si c'est la première fois qu'il la voit. Avec un peu de chance elle verra derrière son image du jeune adulte un peu pataud, les cicatrices de sa vie, à quel point il a déjà souffert.
et là, elle parle, elle LUI parle. Sa voix est si belle, belle comme un coucher de soleil sur une plage qui n'a pas encore été urbanisée.
je.. désolée j'ai interrompu ta ... contemplation?

-oh non au contraire ... c'est toujours mieux de partager ce type de paysage avec quelqu'un ... c'est plutôt moi qui te dérange non ? tu voulais te baigner ? l'eau à l'air froide quand même ?

- oh tu sais moi, l'eau froide, ce n'est plus ce qui m'arrête ...

même si ces quelques mot échangés sont d'une extrême banalité, Arthur sent que cette fille, elle est pas comme celles que l'on peut trouver dans les grandes villes. Elle elle veut vivre, vivre des choses qui vont lui retourner le cerveau, des choses qui lui feront oublier les difficultés qu'elle peut rencontrer. Si Arthur arrive à tenir ce jugement, c'est parce qu'il a fait des études de psychologies, et il sait reconnaître ces personnes, dont il fait partie, qui n'arrive pas à sortir la tête de l'eau, qui n'arrive pas à respirer, au sens métaphorique.
après un silence, mais en aucun cas malaisant, il se dit qu'il faudrait quand même en apprendre plus sur elle, sur cette fille aussi apaisante qu'une pluie d'été.

Toi aussi tu es des hautes lumières ? Qu'est ce que tu fais ici ?

Elle à l'air si innocente Coco derrière ses grand yeux bleus. On dirait presque qu'elle nous appelle à l'aide. Arthur lui, il aime bien les gens comme ça. Elle lui demande plutôt naïvement si elle risque l'hypothermie comme si elle n'avais plus rien à craindre de la vie, comme si elle voulait, tout simplement mourir. Elle lui demande aussi si je viendrai la sauver, si elle se noie. Comment pourrais je dire non, comment pourrais je la laisser mourir, elle qui paraît si innocente. Elle me demande ça comme si elle ne faisait plus confiance en plus personne, comme si elle considérait que tous les hommes étaient pourris de l'intérieur. Arthur il a envie de l'aider, il a envie de lui faire sortir la tête de l'eau mais il sait pas comment s'y prendre.
Et puis d'un coup cette fille, elle se met à sourire, un beau grand sourire. Arthur ne sais pas pourquoi mais il lui trouve un charme, un charme cosmique.
Et puis d'un coup, comme frappé d'un éclair son visage redevient triste, comme si elle avait appris la plus triste des nouvelles. Arthur il sait pas où se mettre mais il voudrait tellement la prendre dans ses bras, lui dire que tout va bien, que maintenant elle est pas toute seule et que si elle veut lui parler de ses problèmes, elle peut.
Cependant, pour faire comme si de rien n'y était, elle à cette réponse extrêmement naïve à sa question un peu indiscrète
"- t'es nouveau dans le coin non?
ben... je m'apprête à sauter de se rocher... et toi?

- oui, je suis arrivé il y a environ deux jours, tu sais à cause de tout ce goudron et ce ciment ... C'est des amis de la fac qui m'ont conseillé cet endroit un peu particulier. Je connais pas grand monde mais je sens que ça ne vas pas durer, tout le monde à l'air super accueillant ! "

Arthur ne sait pas ce qui lui prend. Ça ne lui arrive pas d'habitude de se confesser aussi facilement. Mais avec cette fille, il sent qu'ils on une histoire en commun, il sent que ce sont tous les deux des victimes de notre société. Et puis d'un coup il se jette à l'eau. Il se dit que si il est venu ici c'est aussi pour aider les autres, pour ne pas faire les mêmes erreurs que ces ancêtres.

" Et qu'est ce qui te cache derrière tes grands yeux tristes "

elle à l’air drôle coco avec son jean et ses chaussures qu’elle porte lascivement dans ses bras. On dirait que Arthur l’a dérangé dans ce qu’elle voulait faire. Mais elle à l’air tellement innocente qu’on ne peut pas lui en vouloir. Comme si ses grands yeux bleus pleins de cicatrices étaient une preuve de son innocence. Mais Arthur, il a pas envie de la laisser là Coco. Il a pas envie de la laisser toute seule dans sa tristesse parce qu'il veut pas devenir comme les hommes des villes qui sont si indifférent quand ils voient, par exemple, une mendiante dans la rue. Non Arthur, si il est venu là, c’est pas pour laisser les écorchés de la vie sur le bord de la route, et Coco il a pas envie de la laisser seule. Premièrement parce qu’elle est belle, et ça lui fait tout bizarre à Arthur de dire ça car après tout, c’est pas son genre d’être sensible à la beauté des gens. Et ensuite car cette Coco, derrière ses airs d’enfant sûr d’elle, Arthur il sait bien que la vie, elle l’a pas épargnée. Alors certes, dés fois c’est pas toujours bon de savoir le pourquoi du comment, et Arthur c’est pas ce qu’il veut. Non lui il veut juste l’aider, il veut juste que les grandes cicatrices de ses yeux se referment et que Coco puisse profiter des hautes lumières.
Et puis là, cette fille, elle retourne la situation, pis Arthur il avait pas prévu ça, il a pas l’habitude que quelqu’un lui pose les questions, à lui. C’est un mélange de stupeur et d’excitation. Elle lui demande “ qu’est ce qui se cache derrière ses yeux d’amoureux des cascades”
Et Arthur, après une courte minute qui lui paraît interminable :
“ - Je contemple, comme tu le dis, c’est tout. Pour essayer de me persuader que dans ce monde, il reste des endroits où la nature à le dessus, où la nature peut avoir l’espace disponible pour exprimer sa grande beauté”

Arthur il sait pas comment réagir face à cette fille. Est ce qui le doit la laisser partir, faire ce qu'elle veut, sans doute se jeter dans l'eau glaciale. Rien que pour la beauté du geste, pour que cette mystérieuse adolescente fasse partie de ceux qui jalonne nos vies, que nous ne rencontrons qu'une seule fois mais qui nous marque plus que ceux que nous connaissons depuis toujours. Ou bien doit il s'accrocher, s'entêter, quitte à devenir lourd, pour qu'elle puisse peut être, devenir un petit diamant à ses côtés qui sera là quand il se sentira pas bien, car il sait que cette fille, elle à le pouvoir de lui faire du bien. Arthur il pense trop. Toute sa vie il est déchiré par des choix cornéliens. Il est de ceux qui mettent plusieurs heures à se décider pour les choses les plus simples, et des fois, c'est un frein pour son développement.
Et voilà que ça recommence. Ça recommence à s'entrechoquer dans sa tête, comme si il y avait des gens qui jetaient des cailloux de l'intérieur, et que ça frappait dans sa boîte crânienne. Arthur il aime pas quand ça arrive. Parce qu'il sait que quelque chose de mal va se passer. Ou bien qu'il va faire quelque chose de mal. Il met ces crises sur le dos de la société, cette société qui l'a détruite. Il croyait qu'en venant ici, ça allait s'arrêter, qu'il allait enfin être tranquille, qu'il allait vivre sa vie sans être dépendant d'une entité dont il ne connaît pas l'origine. Arthur, c'est une personne rationnelle, il aime pas quand ça lui échappe, il aime pas quand quelque chose dont il connaît pas le pourquoi du comment lui arrive, à lui. Alors, actuellement, il se sent complétement idiot devant cette fille. Il doit sûrement avoir l'air un peu bête avec ses yeux d'hébétés comme s'il avait vu la huitième merveille du monde.
Il essaie de lui faire des discours sur la beauté des choses, pour détourner la conversation, pour qu'elle se rende pas compte qu'il est fou, que chez lui ça tourne pas rond. Mais il voit bien que ces discours moralisateurs ça a pas grand effet sur cette fille qui en connait déjà beaucoup sur le monde.
" - Tu vois cette cascade d'un beauté singulière et bien elle ressemble beaucoup à ...
-   tu devrais monter là-haut voir les aurores boréales un de ces jours si tu veux vraiment de la "grande beauté" "
Arthur il est content que cette fille aux cheveux de lin lui coupe la parole dans son discours pseudo poétique. Finalement, il ne vas pas la laisser s'envoler, parce qu'il a besoin d'elle pour s'en sortir. Il aimerai bien allé voir ces aurores boréales avec elle, dont elle vient de parler. Ça doit vraiment être magique, un grand moment, et pas qui se cache derrière des artifices quelconques.
" - Comment tu t'appelles ? "
Elle a vraiment le don pour lui poser des questions aux moments où il ne s'y attend vraiment pas. Mais ça ne le dérange pas. Il en a assez de tenir des conversations qui sont sans cesse réglé sur un modèle.
" - Arthur, Arthur Langdon. Pas très original hein ? Et toi ? "