eh, toi, qu'est-ce que tu viens faire par ici ? rêver et aimer, dans les rivières ou les forêts, voir autre chose que ce qu’on a toujours vu, sentir autre chose que ce qu’on a toujours senti. devenir ceux que nous n’étions pas, rencontrer ceux que nous ne connaissions pas. la vie là-bas, c’était celle de nos anciens, pas la notre, parce que nous on avait besoin de liberté, on avait besoin de s’envoler. puis y'a cette bulle qu'on avait commencé à bâtir, ce petit monde mobile, rien qu'à nous. pourquoi rester là-bas perdu au milieu du nevada ? nos âmes avaient besoin d'aventure, nos esprits d'une ouverture. parce que nous rêvions d'évasion, parce qu'ils voulaient voyager, parce que jamais je ne l'ai aurais laissé.

il fallait partir sans détour,
s’aimer sur les routes,
aller voir loin, sans perspective de retour.

d'où tu nous viens, tu faisais quoi avant ? parle nous un peu de ta vie avant. avant, on était jeune, là-bas dans le fond du nevada. avant on ne savait rien, on ne voyait rien, on avait pas appris à écouter, à apprécier. tous les jours la même rengaine, les yeux plissés par le soleil, nos joues rosies, rebondies par l’enfance qui tarde encore à s’évaporer, préférant s’effilocher petit peu par petit peu, les fesses dans le sable chaud, nos genoux cagneux, les chaussures usées, mais avides de randonnées. avant on avait la tête remplie de rêves et le coeur avide d’aventure. avant on était pas vraiment nous-même, on brillait pas encore de notre propre existence, puis le courage nous a pris, l’adrénaline nous a lancé, on a tout quitté sans vraiment savoir où on irait, pour peu que la route nous donnerait encore plus envie d’avancer. les caravanes ont fait leur concert de ronronnements et leur danse de poussière, puis la vie nous a sourit, comme jamais jusqu’ici.  

moi j'ai fait que suivre mes envies,
j'avais pas peur de tout laisser
puisque j'avais déjà donné mon âme à mes amis.

et tu comptes rester encore longtemps ici, ou c'est juste pour une petite durée ? je veux pas penser à demain, quand nos coeurs seront lassés d’ici, je veux pas penser à demain, quand on décidera de s’envoler de ce nid. peut-être que c’est beau ailleurs, peut-être qu’il y a d’autres choses à voir et à aimer, mais ici c’est comme si notre paradis été envolé de nos têtes pour filer se dessiner sur l’horizon avec les peintures de nos rêves.  

je partirais jamais sans eux,
dans l'hiver ou l'été de nos coeurs,
je ne partirais jamais bien loin d'eux.

tu fais quoi de tes petites mains sinon ? là-bas comme ici, les petites mains s’activent. elles apprivoisent le tissus pour raccommoder les trous des vêtements, comme pour combler ceux des coeurs que je ne pourrais jamais atteindre. coudre, pour créer ce qui n’a jamais existé ou réparer ce qu’on a brisé. il faut seulement du fil et une aiguille, des vieux tissus, des petits bouts de nous et le tour est joué. faire s’assembler les tissus, comme nos vies se sont assemblées ensemble par un fil d’or que jamais rien ne pourra découdre.



Pina c’est eux,
un lui, un deuxième lui, puis elle, aussi,
Pina c’est nous,
Pina c’est tout.

l’esprit indomptable, l’infante mal éduquée aux genoux écorchés, la redoutable. moi et cette sale image qu’il faut trainer à longueur de journée, un masque de beauté fatale qu’on ne pourra jamais abimer, du moins pas plus qu’il ne la jamais été, ou qu’il ne le sera jamais. moi, je suis rien, rien de bien sans eux, mes étoiles mes planètes, mes comètes. eux qui brillent encore et toujours, même quand l’ombre se dépose sur nos coeurs sans aucune peur. eux qui ont tout changé, tout chamboulé, tracé dans mon âme des tranchés d’amour.

la méchante, l’arrogante qui sait mieux fuir pour cacher son coeur que l’offrir. la sauvage qui repousse quand la tendresse dans le coeur de Lou fait des secousses, quand Noam donnerait son âme et que Kishi sourit. ils ne sauront jamais m’aimer autant que je les aime et les faux semblant ce n’est pas pour toi ma belle. alors les larmes coulent, pour rappeler qu‘un jour je les perdrais et que cet amour il me restera sur les bras. alors Pina s’envole quand elle a été trop généreuse et qu’elle s’est permis d’aimer, permis d’y croire et de le partager. c’est plus facile de les embêter que de les aimer.

la gamine aux grands sourires, la douceur du petit oiseau tout juste tombé du nid. moi qui quelque part croit encore aux belles histoires, parce que maman elle disait qu’il n’y a que ça de vrai pendant que papa laissait tout passer. parce que les bêtises c’est pas grave, parce qu’on ne saurait rien refuser à ses petits yeux bleutés. parce que j’ai jamais voulu grandir véritablement, pour ne rien perdre de mes rêves d’enfants comme j'ai perdu mes parents.  

Pina le brouillon,
la petite fée aux couleurs des papillons,
Pina la douce et la brute,
bien coiffée ou hirsute,
de l'amour pour toujours, jusqu'à la dernière goûte,
Pina c'est eux, sans aucun doute.